AVA - Abolissons la Vénerie Aujourd'hui

Les animaux traqués

TRAQUÉS PAR LA CHASSE À COURRE

Chaque année, entre le 15 septembre et le 31 mars, 6 espèces animales sont prises pour cibles par les chasseurs à courre pendant des heures.

Merci aux photographes nature qui ont participé à l’élaboration de cette série !

Chaque semaine, dans les forêts et les campagnes françaises, des équipages de chasse à courre lâchent leurs meutes de chiens pour traquer et tuer des animaux sauvages.

Dès le début de ces chasses, c’est toute la faune qui est dérangée par les cors, les cris, les 4×4 qui envahissent leur territoire, mais surtout les chiens qui poursuivent des hardes entières d’animaux sauvages sans distinction et créent la panique partout où elles passent.

Le but des veneurs est d’isoler un seul animal, et de le poursuivre jusqu’à son épuisement total, jusqu’à ce qu’il n’ait plus la force de courir et qu’il s’arrête. 
Les plus petits animaux – chevreuils, lièvres, renards – sont rattrapés et déchiquetés vivants par la meute. Les plus gros, les cerfs et les sangliers, sont tués par un veneur le plus souvent à l’arme blanche, ou noyés quand ils se réfugient dans l’eau. Ça, évidemment, c’est quand ils n’ont pas été percutés avant par une voiture ou tout simplement fait un arrêt cardiaque.

Dans cette traque, qui peut mobiliser plus d’une centaine de participants, seul un animal peut être tué. Tout au plus, seules quelques dizaines d’animaux sont tués par an par équipage (une part “infinitésimale” selon la Société de Vénerie) qui rétrocèdent ensuite les bracelets non posés aux chasseurs à tir. Car bien souvent, l’animal parvient à distancer les chiens malgré les divers artifices et raccourcis : coups de téléphone ou utilisation de talkies-walkies pour donner la position de l’animal, barrages de suiveurs (à vélo ou en 4×4) ou de veneurs à cheval, animal poussé dans un entonnoir pour rentrer dans une enceinte grillagée, chiens arrêtés et remis manuellement sur l’odeur du “bon” animal, guidés par les cavaliers… Dans l’Oise, un suiveur a même tiré un coup de feu pour faire fuir un cerf d’une parcelle interdite à la chasse à courre !

Lorsque la chasse à courre aboutit, le corps de l’animal est emmené au château ou au chenil pour servir de faire-valoir à une fête de victoire autour d’un rituel très précis : c’est ce qu’on appelle la curée. Les chasseurs à courre s’amusent avec le corps en découpant la peau qu’ils appellent “la nappe”, en offrant les pattes aux invités, puis jettent la viande aux chiens.

Depuis vingt-cinq ans déjà, il existe pourtant une étude physiologique sur les cerfs élaphes, le « rapport Bateson », qui établit clairement que le niveau de souffrance et de stress subis par ces animaux est intolérable et sans commune mesure avec les autres types de chasses, à tir par exemple.

Aucun argument ne peut expliquer l’existence de cette pratique au XXIe siècle. Il est grand temps de faire cesser cette barbarie injustifiable !


Photographié par Christophe Le Guillou

Le renard est un animal social vivant en clan : un groupe de femelles hiérarchisées et un mâle. Il vit généralement en forêt, dans un terrier. Celui-ci peut être un terrier de blaireau qu’il modifie, il peut même cohabiter avec ! En journée, le renard s’abrite et se repose ailleurs sous des racines, un tas de bois, dans un fossé…
Carnivore, il se nourrit avant tout de petits rongeurs, mais son alimentation varie selon les saisons. C’est un animal nocturne et crépusculaire, parfois diurne en été quand il n’est pas dérangé.
Il mesure en moyenne 1,25 m de long pour un poids moyen de 6 à 7 kg. Sa longévité est d’environ 7-9 ans.
En France, le renard est classé parmi les animaux nuisibles, même si les dégâts qu’il occasionne sur les activités humaines sont très faibles. Peut-être cela a t’il à voir avec son appétit pour les faisans, lâchés sur son territoire en période de chasse…

Traqué

Le renard est l’animal « favori » des chasseurs à courre anglais, où leur pratique a finalement été interdite en 2005. Chez nous, il y a encore une quarantaine d’équipages qui pourchassent les renards à cheval et à pied, à travers les champs et les routes, jusque dans les terriers où ils courent se réfugier. Les veneurs y envoient alors de petits chiens-outils pour les déloger et continuer leur loisir en terrain découvert. Car la chasse à courre est aussi un spectacle, et il convient de ne pas priver les suiveurs de la mise à mort.
« Au terré du renard, on mettra pied à terre, on forcera l’animal à sortir, soit à l’aide de fox-terriers, soit en défonçant la garenne avec des bêches et des pioches, et on le relancera. Après plusieurs terrés, le même renard peut se faire courir pendant trois heures, sans incident, des chiens rapides l’étranglent en une heure, parfois en une demi-heure. »


Photographié par Amandine Boyaval

Contrairement aux idées reçues, le lièvre appartient à l’ordre des lagomorphes tout comme le lapin, ce n’est donc pas un rongeur ! C’est un herbivore, dont l’espérance de vie varie de 5 à 12 ans selon les espèces. Le lièvre est grand et longiligne, il est facilement reconnaissable au bout noir de ses longues oreilles. Il peut atteindre une vitesse de pointe de 80 km/h et sauter jusqu’à 3 mètres de hauteur !
Le lièvre d’Europe, que l’on trouve en France, vit dans des milieux ouverts avec des buissons ou des haies, dans les forêts claires, les marais, les champs cultivés ou encore les plaines. De nature plutôt solitaire, il vit sur un vaste territoire, dans un gîte installé sous des buissons.
La hase (femelle du lièvre) donne naissance à entre deux à quatre levrauts déjà poilus et avec les yeux ouverts, car ils doivent être prêts à fuir à tout moment.

Traqué

Le lièvre est la proie favorite des amateurs de « petite vénerie ». Selon leurs ouvrages, « ses ruses exceptionnelles » et « délicates » feraient de lui un animal très plaisant à faire souffrir. En France, il existe donc 120 équipages qui se plaisent à lancer une meute de chiens sur ce petit animal, qui le traquent dans les champs jusqu’à le rattraper et le déchiqueter vivant. Le veneur le plus connu de France, Olivier de la Bouillerie, est un grand spécialiste de cette pratique. « Grâce à Olivier, cette vénerie a explosé » disent de lui ses amis. La famille de l’Allier qui, en décembre 2018, a vu son chat se faire dépecer dans leur jardin par un équipage au lièvre peut le remercier.


Photographié par Thibaut De Clercq

Le sanglier est un mammifère très présent chez nous. Une compagnie est composée le plus souvent de plusieurs femelles (dont une de tête) et de jeunes. Les sangliers mâles plus âgés vivent isolés, d’où leur nom de “solitaires”.
Contrairement aux idées reçues, c’est un animal relativement calme et craintif, qui, au moindre bruit ou forme inhabituelle, choisira à 99 % la fuite plutôt que l’affrontement, sauf si sa vie ou celle des petits est en jeu.
Il vit le plus souvent dans des “zones sales” très encombrées de ronces/fougères où il y passe la quasi-totalité de la journée à dormir, toujours à proximité d’un point d’eau pour pouvoir se “souiller” (s’y rouler pour se débarrasser des parasites). C’est le soir venu qu’il se déplace en recherche de nourriture et évolue à découvert toute la nuit pour regagner sa remise au lever du soleil. Contrairement à beaucoup d’animaux, ses yeux ne réfléchissent pas la lumière, il faut donc redoubler de vigilance quand nous traversons son territoire en voiture la nuit !

Traqué

Depuis des siècles, le sanglier est prisé par les chasseurs à courre pour le duel épique qu’il est censé offrir : les peintres et les poètes de chasse du moyen-âge le représentaient volontiers en monstre noir invincible, plus grand que les hommes eux-même.
Aujourd’hui, on connaît mieux la réalité de ces chasses : le sanglier (mâle comme femelle), une fois « trié » de force (séparé de sa famille), tente de fuir en courant en cercles, jusqu’à épuisement. Il est ensuite rattrapé par les chiens, qui encaissent pour leurs maîtres les coups de défenses du sanglier paniqué. Les veneurs arrivent enfin pour l’achever et festoyer autour de sa dépouille. Aujourd’hui en France, il existe encore une quarantaine de ces équipages (dits « vautraits »).


Photographié par Gaëtan Martin

Le chevreuil fait partie de la même famille que le cerf (cervidae) mais est bien plus petit et léger : il dépasse rarement les 25 kg et 75 cm au garrot. Ses bois sont eux aussi plus petits.
La chevrette vit avec les chevrillards nés dans l’année, selon un mode assez matriarcal, le brocard (mâle) pouvant venir se rajouter au petit groupe. Curieux et craintif, le chevreuil peut aboyer pour signaler une présence dangereuse ou imposer sa domination face à un concurrent en période de rut.
Face à l’homme il choisira toujours la fuite. Il peut atteindre une vitesse de pointe de 98 km/h !
L’agrainage (qui consiste à nourrir volontairement les animaux forestiers pour les concentrer en des endroits précis) et l’absence de prédateurs naturels ont beaucoup favorisé cette espèce à devenir le mammifère herbivore sauvage le plus commun en forêt.

Traqué

Les veneurs se vantent de tuer près de 1200 de ces animaux par an, toujours de leur manière très codifiée. Selon certains experts, il est par exemple préférable de lancer la meute sur un couple, et, une fois séparé, de continuer la chasse sur l’un des deux sans distinction.
Rattrapé au bout de quelques heures, il meurt le plus souvent d’un arrêt cardiaque suite au stress, ou bien égorgé par les crocs des chiens avant qu’un humain n’arrive sur les lieux.
Dans son journal, un veneur du XIXème siècle racontait le plaisir ressenti en ces mots :
« Décembre : tout un mois passé […] la vie affluant au visage et nous bourdonnant aux tempes, tantôt fourrant les mains dans le sang tiède et la curée chaude d’un chevreuil : un mois où nous tâchons de nous redonner de la santé bestiale de la campagne. »
Le marquis Pierre de Rouälle, président de la Société de Vénerie, est lui même un « amateur » du chevreuil, ou en tous cas du spectacle de sa mort. Avec 88 équipages encore actifs aujourd’hui, c’est une des véneries les plus communes.


Photographié par Cédric Porcia

Le lapin de Garenne (Oryctolagus cuniculus) fait partie de la famille des Leporidae, comme le Lièvre d’europe. Plus petit que son cousin, les adultes mesurent entre 34 et 50 cm et sont facilement reconnaissables par le dessous de leur queue blanc. Ils ont une alimentation de végétaux très diversifiés et mangent notamment les herbes sèches.
Ce sont des animaux très sociaux et vivent dans des terriers reliés entre eux par des galeries. Les lapins communiquent essentiellement entre eux avec des stimuli odorants. En cas de détresse, ils peuvent émettre de petits cris aigus et même taper du pied.
La reproduction a lieu toute l’année avec une majorité de mise bas entre février-août. Les femelles mettent bas dans un terrier peu profond appelé « rabouillère » où elles lovent leurs petits dans un mélange de herbes sèches et de poils. Ils atteignent 80% de leur poids adulte en 3 mois !

Traqué

En 1993, la chasse à courre ajoute un animal à sa kill-list : le lapin. Même si ces veneurs sont assez mal considérés par les autres, leur existence est le prix à payer pour pouvoir affirmer que la chasse à courre n’est pas réservée aux aristocrates. Il existe aujourd’hui une cinquantaine de ces équipages en France, réputés comme « une porte ouverte aux femmes et aux enfants »…
La vénerie du lapin est assez rapide, surtout quand les veneurs bouchent les terriers pour ôter toute possibilité de cachette à leur proie. Face à la meute de chien, les lapins chassés sont souvent dévorés vivants. La période de chasse étant commune à la période de reproduction, cela peut induire la mort de nombreux lapereaux quand la mère est tuée !
Fin 2017, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a classé cette espèce comme « quasi-menacée » en France, mais cela n’arrête pas pour autant les chasseurs à courre dans leur « passion ».


Photographié par Jim Photo

Animal emblématique de nos forêts, le cerf est l’un des plus grands mammifères vivant en France. Méfiant et adroit, il est difficile à observer, son apparition est donc toujours un événement.
Il voit généralement le jour vers mai/juin : faon jusque 6 à 8 mois, hère jusque 1 an, daguet dès ses premiers bois, il devient véritablement cerf adulte à partir de 4 ans.
Un beau matin d’hiver, il se met à perdre ses bois en heurtant des branches. Il se sent alors diminué, sans défense, et s’isole parfois plusieurs jours.
Le jeune cerf est pourtant un animal sociable : entouré de biches et de leurs faons, il vit en harde dirigée par une matriarche. Au moment du rut, le cerf adulte, isolé, se rapproche d’une harde afin de s’accoupler. Il ne s’alimente plus et peu perdre jusqu’à 20 % de son poids ! Au moment du brame il ne faut surtout pas le déranger…

Traqué

De septembre à mars, les veneurs envahissent la forêt toutes les semaines à sa recherche. Ils lâchent jusqu’à 60 chiens sur l’un d’eux, repéré souvent le matin, s’amusent quelques heures de ses ruses pour survivre, puis l’achèvent et rentrent au chenil pour un cérémonial autour de son cadavre. C’est la seule chasse dans laquelle on ne cible que le mâle, même si les biches en sont régulièrement des victimes collatérales.
Cette chasse à courre est la clé de voûte de tout l’édifice des veneurs. Voici comment elle est décrite dans le fameux « Livre de la Chasse » de 1389, qui codifie toutes les véneries :
« Les unes appartiennent aux puissants, les autres aux faibles, et je vais donc vous les présenter par ordre. C’est une bonne chasse que celle du cerf, car c’est belle chose que de bien traquer un cerf, belle chose de le poursuivre, de le courir longuement jusqu’à l’abattre, soit en eau soit sur terre, belle chose la curée, belle chose de bien l’embrocher, de le dépecer et de lever les chairs. C’est une belle bête et plaisante, et je tiens là que ce soit donc la plus noble des chasses. »
Encore aujourd’hui, il existe une quarantaine de ces équipages, autour desquels tous les autres font bloc car ils dépendent d’eux matériellement (terres, meute, etc.) et culturellement.


CHAQUE VILLAGE, CHAQUE QUARTIER DOIT S'ORGANISER. TOUS ENSEMBLE, PROTÉGEONS LA FORÊT ET SES ANIMAUX !