Début janvier, des associations du Jura font une découverte terrible : deux chenils de chasse à courre aux conditions déplorables, avec 100 chiens livrés à eux-mêmes.
“C’était une décharge, les chiens étaient dans leurs excréments et n’étaient très probablement pas nourris, mais au milieu de la forêt, qui peut les entendre ?”
– La personne ayant découvert les chiens“Nous sommes dans une situation d’urgence puisqu’ils se trouvent dans des chenils à la limite du débarras.”
L’histoire fait la Une du journal Le Progrès : “Une grande mobilisation pour sauver 100 chiens de race” !
Tous les refuges SPA de la région s’organisent :
“6 chiens et chiennes (dont une gestante) sont arrivés très apeurés au refuge de Dole, certains de ces chiens sont prostrés dans les boxes. Le chemin vers une vie normale va être long, aucun de ces six chiens n’est ni vacciné, ni identifié, mal soignés…”
– La SPA de Dole
Un des chiens n’a malheureusement pas pu être soigné et est décédé.
Le triste sort des chiens de chasse à courre, on commence à le connaître… Mais ce désastre particulier, c’était le “rêve” du maître d’équipage Michel Liégeon, décédé quelques jours avant la découverte de son expérimentation sordide.
Depuis la Révolution française et la première abolition de la chasse à courre, il existe un fétiche parmi les veneurs : reconstituer la meute du roi François Ier. Quelques royalistes (comme le Marquis de Chambray ou le Marquis de Baudry d’Asson) auraient conservé à travers les âges une poignée de descendants des “chiens blancs du Roy”.
Pour pouvoir, lui aussi, tuer des chevreuils à la façon de François Ier, Michel Liégeon, maître d’équipage du Rallye Grand’ Combe, décide de recréer cette race, en partant de 5 chiens :
“J’ai travaillé sur la consanguinité et un jour j’ai vu apparaître des chiens Blancs du Roy !”
Il vante ses expériences plus en détail à un site de chasse :
“Par consanguinité entre chacun des 4 frères et la sœur, il obtint, avec chaque nouvelle portée, de 1 à 3 chiots d’un blanc immaculé. La génération suivante fut produite de la même façon. Au terme de 12 années s’élevage, Michel avait obtenu 38 chiens.”
Un restaurateur industriel local est fier de raconter sa participation dans la presse :
“Au lieu d’évacuer nos quelque 30 kilos de déchets journaliers vers l’usine d’incinération, nous participons à cette belle histoire, en fournissant à Michel Liegeon une partie de la nourriture de son élevage.”
Michel Liégeon reçoit un prix d’Honneur du Club de Chiens d’Ordre quelques années plus tard. Mais il a encore un regret :
“Ils ont encore quelques défauts, ils sont craintifs et réservés”. Quel chien élevé au fouet sur une dalle de béton ne l’est pas ?
Grâce au travail admirable de toutes les associations de protection animale du Jura, du Doubs et de Belfort, les 100 chiens ont été sortis de cette situation terrible. Mais pour 32 d’entre eux, le calvaire n’est pas fini car ils ont été récupérés par d’autres équipages de chasse à courre. Ils vont donc passer le reste de leur vie mis en danger sur les routes ou aux devants d’animaux sauvages devant défendre leur vie.
Alors que les chasseurs à courre argumentent contre l’interdiction de leur pratique au prétexte qu’elle les obligerait à tuer leurs 30 000 chiens, cette histoire vient rappeler que la gestion des meutes pose d’ores et déjà problème ! Elle démontre également que, comme d’habitude, il revient aux refuges et aux associations d’assumer les conséquences désastreuses de ces élevages.
Le loisir d’une infime minorité destructrice ne peut pas justifier un tel carnage ! Il faut abolir la chasse à courre, et vite !