AVA - Abolissons la Vénerie Aujourd'hui

La chasse à courre viole le confinement sanitaire

Depuis plus d’un mois, la population est confinée suite à la 2ème vague de l’épidémie. Et pour éviter de saturer les hôpitaux, des mesures ont été prises afin notamment d’interdire les loisirs les plus à risque.

En ce qui concerne la chasse, le Ministère de la Transition Écologique a publié une circulaire très claire le 31 octobre, qui indique qu’« il convient de maintenir une régulation de la faune sauvage » sous forme d’exceptions mais que « les autres activités de chasse sont interdites, notamment les chasses de loisir sans impact sur la régulation, et en particulier la vénerie ». La chasse à courre est donc spécifiquement interdite.

Un mois plus tard, le Président de la République annonce un assouplissement des autorisations de sorties individuelles en plein air. Le Ministère réitère alors les mêmes consignes dans sa circulaire du 27 novembre pour ce qui est de la chasse des grands animaux. Les chasseurs à courre confirment eux aussi tristement que leur pratique ne reprendra pas avant le 15 décembre, en même temps que toutes les autres, et que seules « des mesures dérogatoires peuvent être prises » pour l’autoriser localement.

 

Effectivement, les nouveaux arrêtés préfectoraux tombent. Dans la majorité des départements, comme dans l’Aisne par exemple, « les prélèvements de grand gibier peuvent être réalisés à l’approche*, en battue** et à l’affût*** », la chasse à courre**** reste donc toujours privée de dérogation, au moins pour les cerfs, chevreuils et sangliers. Partageant les motivations du Ministère, les arrêtés insistent sur le besoin de « maintenir des actions de régulation afin » uniquement « de limiter les dommages aux activités agricoles » tout en continuant à les « limiter par rapport à l’habitude […] eu égard au contexte sanitaire ». Or, la chasse à courre, en plus de ne pas être une action de régulation, est une pratique collective qui ne peut respecter ces « mesures adaptées à la situation sanitaire » : les veneurs à cheval et leurs suiveurs à vélo ne portent pas le masque pendant cette activité physique et les rassemblements sont systématiques. Elle est donc nécessairement interdite.

Et pourtant, à peine trois jours plus tard, nous recevons des témoignages qui nous signalent que plusieurs équipages ont repris les traques dans le département de l’Aisne, en forêt de Retz et en forêt de Saint-Gobain !

Joints par téléphone, les services de l’État ont clairement l’air d’avoir été mis devant le fait accompli. En effet, le Président de la fédération de chasse de l’Aisne a annoncé à ses membres avoir demandé le retour de la vénerie et obtenu le rétablissement de « tous les modes de chasse » après « 5h de franches discussions en passant par des moments de tensions extrêmes » avec la Préfecture.
Un garde-chasse en forêt de Saint-Gobain, vers qui l’ONF nous renvoie, nous explique alors que « les chasses à courre semblent tolérées » (sic) et qu’il avait été prévenu par les concernés de l’organisation d’une chasse quelques jours plus tôt. Finalement, la DDT nous confirme qu’« en ce qui concerne les chasses à courre, le Préfet n’a pas donné de dérogation pour l’instant » et la Préfecture que « la chasse de loisir est autorisée […] au titre de l’activité individuelle ». Or, comme le stipule l’arrêté, seule la chasse de loisir du petit gibier dite « coordonnée » peut déroger à ce principe, et non la grand vénerie.
Malgré nos appels, les chasses ont continué impunément le lendemain sans aucune précaution sanitaire. Dans ce cadre, les mesures de maintien de la « sécurité des populations » engagées par le Préfet sont complètement outrepassées par ces chasses. Ces images de dizaines de voitures, de poids lourds, de cavaliers et de suiveurs n’y font aucun doute.

En période de crise sanitaire plus encore que d’habitude, la chasse à courre ne peut pas bénéficier de passe-droits et placer ses intérêts avant ceux de la collectivité ! Ces chasses illégales doivent cesser, la loi doit être appliquée de la même manière à tous. Nous appelons à la vigilance de la population, dans la limite des 20 km autour de nos domiciles respectifs, pour signaler aux autorités et aux associations les chasses à courre qui ne respecteraient pas les mesures en vigueur.

Mise à jour le 7 décembre à 17h30 :
Interrogé par le journal Oise Hebdo, le baron d’Aillères admet seulement avoir “sorti ses chiens” mais pas chassé. Néanmoins, il déclare quand même : “au bout de deux heures, le cerf a rusé (il a semé la meute), et qu’à ce moment-là, j’ai décidé de plus le poursuivre et de rappeler les chiens“…
https://www.oisehebdo.fr/2020/12/07/oui-il-y-avait-bien-des-chasseurs-a-courre-dans-laisne-ce-week-end

Mise à jour le 8 décembre à 19h00 :
Ce mardi, des habitants ont encore pu filmer une chasse à courre en forêt de Retz, réunissant cette fois plus de 100 personnes ! Suiveurs, cavaliers, valets : tout le petit monde habituellement présent autour de l’équipage de Villers Cotterêts était réuni comme si le confinement n’existait pas, sans précaution particulière.
Si ces gens n’étaient là que pour une promenade, comme arguait hier dans la presse le baron d’Aillères, alors pourquoi les fouets et les cors ? Pourquoi les redingotes de chasse ? Pourquoi les suiveurs à pied, à vélo et en voiture ? Pourquoi les dizaines de chevaux transportés par poids lourds ? Pourquoi les chiens poursuivaient-ils un cerf ?
Rappelons que les battues (qui sont pour le coup réellement autorisées) sont, elles, limitées à 60 personnes…

Nous demandons au Ministère de reprendre la main et de faire cesser ce passe-droit inacceptable. Face à l’inaction des autorités locales, seuls vos partages pourront faire évoluer la situation.

 

* Chasse individuelle silencieuse pratiquée à pied avec une arme à feu.
** Chasse collective pratiquée à pied et souvent avec des chiens, dans laquelle les animaux sont poussés vers une ligne de tir.
*** Chasse fixe pratiquée à partir d’un mirador, avec une arme à feu.
**** Ou grande vénerie. Chasse aux chiens courants menée par un équipage de cavaliers dont la meute traque un animal jusqu’à l’épuisement avant qu’il soit tué à l’arme blanche.