Les animaux sauvages traqués

Maltraités pour un plaisir cruel

De septembre à mars, les veneurs envahissent la forêt toutes les semaines à sa recherche. Ils lâchent jusqu’à 60 chiens sur l’un d’eux, repéré souvent le matin, s’amusent quelques heures de ses ruses pour survivre, puis l’achèvent et rentrent au chenil pour un cérémonial autour de son cadavre. 

C’est la seule chasse dans laquelle on ne cible que le mâle, même si les biches en sont régulièrement des victimes collatérales.

La chasse à courre est la clé de voûte de tout l’édifice des veneurs. Voici comment elle est décrite dans le fameux « Livre de la Chasse » de 1389, qui codifie toutes les véneries :
« Les unes appartiennent aux puissants, les autres aux faibles, et je vais donc vous les présenter par ordre. C’est une bonne chasse que celle du cerf, car c’est belle chose que de bien traquer un cerf, belle chose de le poursuivre, de le courir longuement jusqu’à l’abattre, soit en eau soit sur terre, belle chose la curée, belle chose de bien l’embrocher, de le dépecer et de lever les chairs. C’est une belle bête et plaisante, et je tiens là que ce soit donc la plus noble des chasses. »

Encore aujourd’hui, il existe une quarantaine de ces équipages, autour desquels tous les autres font bloc car ils dépendent d’eux matériellement (terres, meute, etc.) et culturellement.

Les veneurs se vantent de tuer près de 1200 de ces animaux par an, toujours de leur manière très codifiée. 

Selon certains experts, il est par exemple préférable de lancer la meute sur un couple, et, une fois séparé, de continuer la chasse sur l’un des deux sans distinction.
Rattrapé au bout de quelques heures, il meurt le plus souvent d’un arrêt cardiaque suite au stress, ou bien égorgé par les crocs des chiens avant qu’un humain n’arrive sur les lieux.

Dans son journal, un veneur du XIXème siècle racontait le plaisir ressenti en ces mots :
« Décembre : tout un mois passé […] la vie affluant au visage et nous bourdonnant aux tempes, tantôt fourrant les mains dans le sang tiède et la curée chaude d’un chevreuil : un mois où nous tâchons de nous redonner de la santé bestiale de la campagne. »


Le marquis Pierre de Rouälle, président de la Société de Vénerie, est lui même un « amateur » du chevreuil, ou en tous cas du spectacle de sa mort. Avec 88 équipages encore actifs aujourd’hui, c’est une des véneries les plus communes.

Depuis des siècles, le sanglier est prisé par les chasseurs à courre pour le duel épique qu’il est censé offrir : les peintres et les poètes de chasse du moyen-âge le représentaient volontiers en monstre noir invincible, plus grand que les hommes eux-même.

Aujourd’hui, on connaît mieux la réalité de ces chasses : le sanglier (mâle comme femelle), une fois « trié » de force (séparé de sa famille), tente de fuir en courant en cercles, jusqu’à épuisement. Il est ensuite rattrapé par les chiens, qui encaissent pour leurs maîtres les coups de défenses du sanglier paniqué. Les veneurs arrivent enfin pour l’achever et festoyer autour de sa dépouille. 

Aujourd’hui en France, il existe encore une quarantaine de ces équipages (dits « vautraits »).

Animal favori des chasseurs à courre anglais, le renard est loin d’être un symbole de prestige en France. Une quarantaine d’équipages chassent encore le renard, à cheval ou à pied, à travers les champs et les routes, jusque dans les terriers où il court se réfugier. Les veneurs y envoient alors de petits chiens de race Terrier, véritables outils, pour les déloger et continuer leur loisir en terrain découvert. 
Car la chasse à courre est avant tout un spectacle, et l’animal doit mourir de la traque de la meute. Après quelques heures de course, l’animal est finalement tué par les chiens et sa queue ou une patte est offerte à l’un des participants.

« Au terré du renard, on mettra pied à terre, on forcera l’animal à sortir, soit à l’aide de fox-terriers, soit en défonçant la garenne avec des bêches et des pioches, et on le relancera. Après plusieurs terrés, le même renard peut se faire courir pendant trois heures, sans incident, des chiens rapides l’étranglent en une heure, parfois en une demi-heure. »

Un chasseur à courre

Le lièvre est la proie favorite des amateurs de « petite vénerie ». Selon leurs ouvrages, « ses ruses exceptionnelles » et « délicates » feraient de lui un animal très plaisant à faire souffrir. 

En France, il existe donc 120 équipages qui se plaisent à lancer une meute de chiens sur ce petit animal, qui le traquent dans les champs jusqu’à le rattraper et le déchiqueter vivant. 

Le veneur le plus connu de France, Olivier de la Bouillerie, est un grand spécialiste de cette pratique. « Grâce à Olivier, cette vénerie a explosé » disent de lui ses amis. La famille de l’Allier qui, en décembre 2018, a vu son chat se faire dépecer dans leur jardin par un équipage au lièvre peut le remercier.

En 1993, la chasse à courre ajoute un animal à sa kill-list : le lapin. Même si ces veneurs sont assez mal considérés par les autres, leur existence est le prix à payer pour pouvoir affirmer que la chasse à courre n’est pas réservée aux aristocrates. 

Il existe aujourd’hui une cinquantaine de ces équipages en France, réputés comme « une porte ouverte aux femmes et aux enfants »…
La vénerie du lapin est assez rapide, surtout quand les veneurs bouchent les terriers pour ôter toute possibilité de cachette à leur proie. Face à la meute de chien, les lapins chassés sont souvent dévorés vivants. La période de chasse étant commune à la période de reproduction, cela peut induire la mort de nombreux lapereaux quand la mère est tuée !

Fin 2017, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a classé cette espèce comme « quasi-menacée » en France, mais cela n’arrête pas pour autant les chasseurs à courre dans leur « passion ».

les animaux outils

des animaux exploités et maltraités