AVA - Abolissons la Vénerie Aujourd'hui

Saint-Hubert : AVA réunit 600 personnes dans toute la France !

Samedi 3 novembre, AVA réunissait 600 personnes dans toute la France pour réclamer l’abolition de la chasse à courre ! 

En forêt de Brocéliande, en Normandie, à Fontainebleau, à Compiègne, à Senlis, dans l’Aisne… Partout les habitants des villes et des campagnes se sont mobilisés pour dénoncer la barbarie inacceptable qu’ils subissent chez eux, dans leurs forêts, sur leurs routes, dans leurs villages ! 
AVA a franchi le cap national avec succès, la mobilisation grandit constamment, rien ne pourra arrêter la population qui prend confiance en elle ! 
Brisons le fatalisme, partageons en masse ce nouveau succès populaire !

Voici un récit complet de cette belle journée :
(crédit photo : Lou Marouzé, Cédric Porcia, Christian Millet, Chris Bée, Dominique Touchart, Lucie Aragon)

En installant les premières banderoles tôt le matin, la température ne faisait rien pour rassurer les premiers arrivants à Compiègne, Senlis, Paimpont… Quasiment aucun relai médiatique, ni soutien des grosses organisations de protection animale comme l’an passé. Les rassemblements de cette année allaient devoir compter sur leurs propres forces.

Cela devient une habitude d’ailleurs, mais les maires ont pris des arrêtés pour entraver la mobilisation : interdiction de traverser le village à Saint-Jean-aux-Bois, interdiction pure et simple de se réunir à Senlis ! Partout la police est présente en nombre.

Et petit à petit, les gens arrivent sur place. A Saint-Jean-aux-Bois, la section locale de la CGT prête sa camionnette et sa sono. A Senlis, Fontainebleau, Paimpont, Bellencombre, on voit arriver des grappes de riverains, de tous profils : familles, personnes âgées, VTTistes, des gens venus avec leurs chiens…


Et bientôt nous sommes 250 à l’entrée de Saint-Jean, 120 face à la cathédrale de Senlis, 130 sur la place de l’Abbaye de Paimpont, une trentaine à Landricourt, et une soixantaine à Fontainebleau ! Des chiffres qui dépassent nos attentes et qui redonnent du baume au cœur des militants de la première heure : le mouvement a bien rencontré sa population, là où des jeunes groupes sont nés il y a seulement quelques mois ! Le pari de décentraliser les rassemblements avait fait débat, chacun avait peur de la division, de devoir assumer une mobilisation ridicule et c’est bien naturel. Mais il est nécessaire que chaque groupe prenne pied dans sa forêt et se base sur le vécu local, pour être une force positive concrète chez soi. Pari réussi donc.

Les tractations commencent avec la gendarmerie compiégnoise pour pouvoir traverser le village malgré l’arrêté, mais rien n’y fait : « Ecoutez nos bons conseils et prenez le chemin de forêt plutôt, c’est bucolique vous ne trouvez pas ? ». Les organisateurs sont résignés sous la menace de sanctions, mais pas les habitants. L’un d’eux prend le micro « On ne va pas aller manifester dans les bois quand même, tous au village ! ». La foule reprend le mot d’ordre. Les gendarmes sont furieux.
« Vox Populi », répondront les organisateurs, un petit sourire en coin.

Et le cortège s’élance fièrement, s’arrêtant même devant l’abbaye, le temps qu’une militante d’AVA raconte une journée de chasse, soldée par la mort d’un cerf l’année passée. Le symbole est là : cela fait 2 ans de suite que les veneurs doivent déserter l’abbaye et abandonner les lieux à leurs opposants. Il n’y aura pas de messe de saint-Hubert ici aujourd’hui.

A Landricourt dans l’Aisne, les gens affluent jusqu’à être une trentaine. Pourtant aucune affiche n’avait été placardée, ni aucun  tract distribué ! Le groupe AVA local pensait être seul, mais il semble que la nouvelle s’est propagée quand même sur les réseaux sociaux. Pourtant, côté veneurs, seul le maître d’équipage du Rallye Nomade est présent. La messe a été tout bonnement annulée !

Pendant ce temps à Senlis, l’ambiance est plus électrique. L’équipage de chasse à courre le “Rallye Trois Forêts” y célèbre sa messe pour la première fois ici depuis 10 ans, en la présence d’autres équipages, du fameux et outrancier Guy Harlé d’Ophove, de hauts gradés de la Gendarmerie en uniforme et d’un sénateur. Tout ce beau monde entre en file indienne dans la cathédrale pour la cérémonie, accompagnés de vieillards endimanchés et de dames arborant des manteaux de fourrure.

C’est le moment que choisissent les habitants rassemblés sur le parvis pour foncer vers les portes de la cathédrale et tenter de forcer le passage pour perturber la messe. La police municipale tient tant bien que mal le barrage. Quelques uns parviennent à entrer et échangent avec un prêtre présent.

A Saint-Jean, la foule est arrivée sur la place en herbe du village et entonne des chansons. Des tables sont installées pour servir des boissons chaudes et prendre contact avec des personnes intéressées par des sorties en forêt. Un accordéon rythme gaiement les séances de photos avec les pancartes confectionnées à la main par les participants. Chacun prend des souvenirs qu’il partagera plus tard sur Facebook, retrouve des amis, se découvre des voisins anti-chasse… Tous les médias locaux sont présents malgré le manque de promotion autour de l’évènement : Courrier Picard, Oise Hebdo, Le Parisien, Oise Media…
Un dernier discours et les premiers groupes partent en forêt, car la rumeur a circulé qu’Alain Drach était déjà derrière un cerf près de la route de Pierrefonds.

Sur Senlis, la messe touche à sa fin et les invités sortent sous les huées, pour rejoindre un cocktail au Musée de la Vènerie non loin de là. Comme par provocation, ou pour faire diversion, on aperçoit Isabelle Mouret de Lotz, responsable de la Société de Vènerie, ordonner aux sonneurs de cor de faire durer leur concert dehors. Les pauvres doivent subir la bronca pour leurs amis, qui, accédant aux petits fours de l’autre côté de la rue, n’échapperont de toutes façons pas aux quolibets : des petits groupes ont échappé au dispositif policier pour se placer sur leur chemin. On entend le grondement de la foule quelques rues plus loin, aux terrasse des cafés.



La même Mouret de Lotz reapparaît en sortie du buffet, s’avançant vers nous avec un plateau de brioches. Sa malheureuse provocation tourne court, elle est repoussée par la foule des “manants” dont beaucoup lui lancent, goguenards, une citation de Marie Antoinette fort à propos : “Le peuple manque de pain, qu’on leur donne de la brioche !“.

Pendant ce temps en Bretagne, les veneurs locaux (le Rallye Bretagne) sont venus accompagnés du Rallye Armor à l’Abbaye, espérant impressionner les habitants par le nombre. Les discours s’enchaînent devant l’Abbaye, dénonçant l’omniprésence de la vénerie en Bretagne et plus particulièrement à Brocéliande. La messe se termine enfin, et les veneurs sortent de l’abbaye sous les huées de 150 manifestants scandant à l’unisson “Chasse à courre, abolition !”.

Alors que les deux équipages devaient poursuivre leur cérémonie en forêt avant de se lancer dans une grande chasse à courre, ils doivent se raviser face à la détermination des opposants et se contentent donc d’une cérémonie au chenil. Les manifestants savourent cette victoire en dégustant crêpes et gâteaux tout en discutant des chasses à venir, plus motivés que jamais.

La matinée s’achève partout sans incident, et, là où elle n’est pas annulée, on prépare la chasse.
A Senlis, des petits groupes se répartissent spontanément dans les trois forêts adjacentes, sans concertation, ce qui d’ailleurs cause quelques difficultés d’orientation. Mais l’intention est là : aucun cerf ne doit être tué en cette journée symbolique !

On retrouve l’équipage en forêt d’Halatte, et malgré les insultes des suiveurs, des courageux éparses parviennent à suivre l’équipage jusqu’à ce que, bredouille, ils rangent leur matériel, chiens compris.


A Compiègne, l’histoire est plus compliquée, car Alain Drach et sa troupe poussent un cerf à traverser l’Aisne à la nage… Les souvenirs du mois de janvier reviennent, où un autre animal avait été noyé dans la même rivière. Impossible de revivre cette scène et certains ne retiennent pas leurs larmes de panique en courant derrière la meute. La rive est quadrillée jusqu’au château du Francport où le cerf a été vu pour la dernière fois. Des habitants du village sortent filmer l’équipage lorsqu’il emprunte le pont à cheval, violant un arrêté municipal (sans que la gendarmerie ne s’en émeuve spécialement).

Et c’est le soulagement lorsque les chiens sont comptés et rentrés au chenil !
Dernier baroud pour Alain Drach et son valet : ils sont raccompagnés hors de la ville sous les sifflets !

Cette magnifique journée s’achève sans fausse note, et surtout pas dans les morceaux de la Compagnie Créole qui résonnent dans nos esprits sur le chemin du retour. Certains symboles font long feu.

Encore un pas en avant pour AVA !
Bravo à tous !